Pontarlier, en Franche-Comté, le 10 mai.
Il est tôt, il pleut, j’attends des nouvelles de Follow Jah au café. Ils sont en tournée en Europe pour un mois.
Un type seul à une table remplit des dossiers frénétiquement: c’est le sosie de Bachar El-Assad. Un autre type entre par une porte qui indique l’entrée ailleurs. De l’extérieur, le café a l’air hyper bourge mais les clients sont comme tout le monde (et Rihanna à la radio).
Dans le programme ce matin, c’est visite de la distillerie Guy. Ensuite le groupe anime un atelier avec des lycéens et finit la journée au Fort de Joux pour la commémoration des mémoires de l’esclavage. Ça y est, “Bachar” m’a captée, haha.

Je suis venue en voiture. Pas mal de radars sur la route de Morteau, routes en lacets sous la lumière diffuse des nuages frontaliers, cloches de vaches et type du camping qui note ma plaque de bon matin tel le A.S.V.P. zélé.
Penser à prendre du comté (“fruité”).

On déjeune chez les responsables de l’association Louverture pour Haïti, qui œuvre pour les échanges franco-haïtiens au sein du lycée professionnel Toussaint Louverture de Pontarlier. Ils nous accueillent généreusement chez eux avec un festin de salades variées. Le barbecue résiste à la pluie. Ambiance répétition sous l’auvent pendant que d’autres bénévoles de l’asso, profs ou anciens profs du lycée, finissent de préparer le repas.
Il ne s’agit pas de tarder, on enchaîne sur l’atelier. Un des maestro tient à m’accompagner en voiture. Les instruments haïtiens côtoient la tente deux secondes à l’arrière.

Follow Jah a rôdé son atelier interactif de présentation des musiques rara. Les élèves de seconde sont plutôt timides. Des grappes de gars s’assoient le plus loin possible dans les coins. Ambiance “Vie secrète des jeunes”. Une bande de filles surmotivées poussent l’une d’entre elles en gloussant pour lui faire jouer de la caisse. Elles sont elles aussi impliquées dans l’association d’échanges franco-haïtiens du lycée.

Au Fort de Joux, c’est la cérémonie de commémoration des mémoires de l’esclavage. Toussaint Louverture, un des leaders de la révolution haïtienne, est mort en captivité en 1803 dans une cellule que nous visitons. Il ne verra pas l’indépendance de son pays, un an plus tard.

Les musiciens de Follow Jah posent avec le buste du héros, encadré de deux grands drapeaux. Le tambourineur frappe la peau de son instrument lorsqu’un officiel de la région dépose solennellement une gerbe de fleurs. C’est très court, tout le monde remonte ensuite l’étroit escalier en collimaçon pour continuer les discours (— cours d’Histoire) protocolaires dans une salle plus large. Les personnes présentes semblent directement concernées par Haïti ou font partie de diverses administrations; très peu de grand public : vigipirate ?